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Demain n'existe pas
27 juin 2011

Manifeste contre le futur

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Le jour s'est levé sur une étrange idée, j'ai eu une révélation: le mal est sur nous. Implacable, il nous menace tous et s'attribue toujours la part du lion à un moment ou à un autre de nos vies. Nul n'est épargné, du paysan à son suzerain ou, pour être plus moderne, des CPS 5 et 6 aux CPS 3. Nul ne peut y échapper et c'est le mal le plus terrifiant qu'on puisse imaginer. Cher lecteur, toi même tu es assailli chaque jour. C'est notre plus grand ennemi, érigé en bienfaiteur de l'humanité, plein de promesses. Pourtant c'est lui qui nous enchaîne. All Hail au plus grand dictateur de l'histoire de l'homme: le futur. Et oui, le futur est la pire chose qui soit. Au premier abord, cela peut paraître étrange et pourtant je m'insurge, je dis non au futur! Pour autant, dis-je vive le passé? Non plus. Le présent est bien assez. Le futur est un poids énorme qui pèse sur chacun de nous, à trop vouloir préparer son futur on oublie de vivre son présent. Là c'est le moment où je reçois l'oscar de la banalité, je voudrais remercier l'académie qui m'a tout appris et ma famille sans qui... Bref. On s'interdit toutes sortes de choses pour des événements qui n'arriveront peut-être jamais. C'est un énorme paradoxe, on prétend être dans une société hédoniste mais tournée vers l'avenir. La société de consommation certes, la société de l'épargne aussi! Cela est assez peu conciliable d'un point de vue mental. C'est encore plus marqué chez nous, espèce honnie de l'humanité, la lie de notre monde, plus communément appelés « les jeunes ». On nous exhorte à profiter de notre jeunesse en nous rappelant à quel point elle est courte et à quel point il faut en profiter vu que demain il n'y aura plus de pétrole, on sera envahis par des terroristes chinois islamiques génétiquement modifiés porteur de la grippe de la tortue (comme dit précédemment, le cochon c'est so 2009 et la grippe aviaire n'en parlons même pas) mais qu'on s'en foutra vu qu'on sera morts du sida à moins que ce ne soit du soda, je ne sais plus très bien, j'ai du mal à m'y retrouver avec toutes ces affiches comme quoi si je ne mange pas la moitié de Rungis je mourrai d'un cancer dans les dix prochaines minutes (à moins que tu n'envoies ce texte à quinze personne). Ou alors c'est moi qui n'ait rien compris à l'actualité, j'avoue être légèrement confus et le Time chaque semaine dans ma boîte aux lettres n'arrange pas les choses. Je crains m'être légèrement éloigné de mon sujet, je reprend. Le futur donc. Je prend mon futur proche: cet été, deux alternatives s'offrent à moi: je peux me trouver un petit boulot dans un pays à fort potentiel de sympathie comme nos aimables voisins grands-bretons ou nos chers partenaires teutons où je pourrais vivre de nouvelles choses, tâter la gueuse locale en éclusant les alcools du cru, vision de rêve dans une existence idyllique où je nagerais sur des torrents de bière à flanc de montagne pendant qu'un essaim de bavarois en Lederhosen yodlerait des chants à ma gloire. Aussi enrichissante que puisse être cette expérience, c'est malheureusement assez difficilement valorisable dans un CV: entretien d'embauche, master en décapsulage et licence en DPM, DPM me demandera-t'on, Drunk People Management répondrai-je, gonflant ma poitrine dans une posture fière de longues années d'expériences. Et j'en arrive à ma deuxième option: galérer encore deux mois et me prendre moult portes au nez ou fins de non-recevoir pour finir par trouver un stage ayant un vague lien avec un éventuel projet professionnel. Le stage évidemment sera probablement chiant, j'y perdrai mon été sans être payé et ça fera un an de plus sans avoir pris de vacances où j'aurais eu la possibilité de bouger un peu. Stage en prélude à une vie de projets dirigés en costume-cravate dans un open space où nous serons répartis en groupes de travail. Youpi. J'aurais encore perdu un pan entier de ma vie pour préparer un futur, une éventualité, un peut-être dont je sais déjà qu'il y ait une forte probabilité qu'il soit chiant et long. Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, arrive le moment où il ne faut pas trop boire, pas trop manger par peur des conséquences. Ce petit sentiment, cette crainte qui fait qu'on ne sautera pas en parachute. Avouez que ça serait bête qu'il ne s'ouvre pas et que vous n'ayez pas la possibilité de cotiser pour la retraite du grand-père du voisin. Le meilleur moment c'est quand le futur rejoint le présent: faites des enfants, après vous ne pourrez plus, achetez une maison maintenant, après vous serez trop vieux pour prendre un crédit. Damned, vous n'aurez pas votre pavillon dans une banlieue résidentielle! Comme je vous plains. A ce moment là, on se rajoute une petite chaîne à la réalité et au dur règne des conséquences jusqu'au moment où on ne peut plus rien faire parce qu'on est le futur et que le présent dont vous êtes le futur vous a mis en maison de retraite histoire de ne plus vous avoir à la maison (« ma chérie, tu as pensé à arroser mamie? »). C'est pourquoi je rejette le futur. A partir de maintenant je suis anti-futur. Que les hippies ne viennent plus me faire chier avec leurs che guevara luttant contre le capitalisme, Ghandi combattant l'oppresseur colonial ou Malcom X luttant contre le racisme. Par ce manifeste, je m'en prend à la marche même de l'univers et proteste contre la notion d'écoulement du temps. D'aucuns on dit que les camps de concentration n'avaient jamais existé tout comme le World Trade Center et que c'étaient des complots sionistes ou de la CIA (noyautée par les francs-maçons comme chacun sait), moi j'affirme haut et fort que la notion de futur est inventé par le complot des fabricants de montre, la fraternité des banquiers avec taux à long terme, la loge secrète des organisateurs de mariage et des loueurs de salles des fêtes et la phalange des sages-femmes. Non le temps ne s'écoule pas! Non aujourd'hui n'a pas de conséquences sur demain! De toute façon, demain est une invention. Quelqu'un est-il déjà revenu de demain pour nous dire à quoi ça ressemblait? Non, jamais. Je ne vois pas pourquoi je croirais à ça. Certains choisissent de ne pas croire à la vie après la mort, moi je choisis de croire qu'il n'y a pas de vie après la vie, ou du moins après la nuit. En l'absence de preuve tangible de l'existence d'un avenir, cela n'est que pur supposition et affaire de foi tout comme le paradis, l'enfer ou les débouchés des facs de sciences humaines. Evidemment, en reniant cette notion, la lutte ne sera pas facile à organiser, nous ne pouvons pas nous réunir demain vu que demain n'existe pas. J'attendrai donc qu'on m'envoie des messages dans le présent pour y répondre. Le monde manque de causes perdues: le climat c'est en cours, la communisme est mort, les phoques aussi et les africains tout le monde s'en fout. Je propose donc une nouvelle idéologie prête à balayer les fondations pourries de cette société déliquescente. Tous ensemble refusons le futur!

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Commentaires
Demain n'existe pas
  • L'anti-demainisme c'est un tiers d'existentalisme, un tiers de nihilisme et un bon tiers d'hédonisme. Cinq minutes au four, vous rajoutez des séries et des commentaires divers et paf, ça vous donne Demain n'existe pas!
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