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Demain n'existe pas
27 juin 2011

La fin d'un monde

Question du jour : et si on était une génération perdue ? La génération qui mériterait vraiment de prendre des bombes de peinture et d’aller recouvrir les murs de « no future » et autres inscriptions vengeresses ? Bon, ok, même si on mérite pas forcément d’aller faire ça, ça peut quand même être marrant.

Chômage, climat, fin du pétrole, terrorisme. On ouvre un journal et il faut bien se rendre compte que c’est pas joyeux. Les frontières culturelles s’abaissent menaçant de transformer toute culture en une bouillie mainstream indifférenciée. Suit up tes fulguropoints comme dirait l’autre ? Est-on enfin arrivé à ce que manifestement tout le monde attend, la fin de la civilisation? Alors évidemment on parle tous de plus en plus la même langue et évidemment on joue à Dieu et on construit des tours de plus en plus hautes mais à moins que le Très Vieux Très Barbu (que nous appellerons désormais TVTB parce que ça fait carrément moins long à écrire et que j’ai pas que ça à faire) nous fasse un remix de Babel avec Brad Pitt, Marion Cotillard et Morgan Freeman (mais pas Bruce Willis, manquerait plus qu’il arrive à sauver le monde) ça semble mal parti. Et je trouve ça bien dommage.

Personnellement je n’attends que ça la fin de la civilisation. Enfin pouvoir se balader à poil en bouffant des cuissots à la main en troussant la gueuse. Faire pousser du maïs entre les Sears Tower (qui réussira à trouver la référence ?)… Je suis sûr que ça nous simplifierait la vie. Après évidemment, comme face à toute utopie je réponds « pourquoi pas tant que ya le haut débit et des boobies ». Je relis ma dernière phrase et je me dis que la fin de la civilisation est plus proche qu’on ne le croit. Ou alors c’est moi qui suis de moins en moins civilisé. Bref, passons sur les détails techniques.

De quoi je parlais déjà ? Ah oui, fin de la civilisation, destruction du monde, cuissots et génération perdue. Dans tout ça, un m’intéresse particulièrement, vous devinerez lequel. Hélas le cuissot ne justifierait pas un article à lui seul donc je vais revenir sur le thème de la génération perdue. Moins drôle et teeellement moins nourrissant.

Donc, sommes-nous bons à jeter à la corbeille ou l’a-t-on déjà fait à notre place ? Avant tout débat je tiens à rappeler que la génération précédente avait Lio (et de manière générale les années 80) et celle d’avant le disco. Voilà qui remet les choses en perspective ? Certes notre génération a le sida, des bombes un peu partout quelques dictateurs fous qui trainent et une crise économique. Mais celle d’avant avait les années 80. Tout de même.

Comme si ça ne suffisait pas, ils étaient dans le moule post-hippy et se sont tapés la fin des Trente Glorieuses. Celle d’avant s’est tapé le conformisme vieille France et deux guerres toujours pas cicatrisées.

Donc, où on en est ? Et bah ça va pas si mal. On récolte les fruits de la libération sexuelle qui sont maintenant arrivés à maturité, on a des moyens de se protéger contre les maladies qui traînent et le risque d’apocalypse nucléaire est moindre (lisez basketball diaries ou tout Barjavel pour se rendre compte de la peur que ça inspirait)

Et au niveau économique ? Au niveau économique c’est une crise monstrueuse même si notre beau pays a la chance d’être en grande partie épargné pour l’instant. Des pays sont carrément en faillite et du coup si je peux me permettre un commentaire ça sera « pas cool ». Donc tout est en ruine. Je résume, après l’autodestruction du système en un ultime éclat, les ruines sont offertes à la reconstruction. Je veux pas dire mais ça ressemble méchamment à la de rhétorique d’un anarchiste comme Bakounine et du mythe du grand soir. Les chantiers ont déjà ouverts: l’Afrique est en train d’être sauvée par la Chine, partout on cherche à consommer moins d’énergie en innovant. Après vingt ans de stagnation pour cause de semi-prospérité et par peur de tout chambouler on a enfin une occasion de tout rebâtir comme nous le voulons, de façon plus juste et moins destructrice. D’ailleurs le secteur du service à la personne, truc solidaire par excellence, est en plein boom. Personne n’a connu une situation comme ça où la société a été ébranlée culturellement par le net pour continuer sur un tel bouleversement économie. La consigne est claire: tout doit être reconstruit selon de nouvelles normes, de nouveaux idéaux. Les vieux ont vécu, ils ont prouvé qu’ils étaient ineptes que ce qui a été fait avant ne marche pas, qu’on ne peut plus faire comme ça. Et c’est là qu’on arrive avec nos visions nouvelles.

Ce qui m’amène à la partie culturelle. On voit bien des craintes qu’il n’y ait plus que des majors sortant des gros groupes commerciaux, les autres étant étouffés par le téléchargement illégal ou qu’il n’y ait plus de livres mais que des pages internet où des abrutis imbus d’eux mêmes déversent leurs avis pseudo éclairés sur de soi disant sujets de société comme la fin du monde ou la viande. Et pourtant j’ai l’impression que ça fait longtemps qu’on avait pas connu un tel bouillonnement culturel, le genre d’opportunités qui me permet de découvrir de petits groupes de l’autre côté du monde sans que ce soit passé à la radio ou sur mtv. Le genre qui fait que je paye pas pour qu’on m’accorde l’humble droit d’écouter un album mais où je paye parce que j’aime le travail de l’artiste et que j’ai envie qu’il continue.

On aura grandi avec internet, avec la fin d’un système dont on aura vu l’écroulement. On aura jamais vu la stabilité des Trente Glorieuses ou la stagnation diplomatique d’une guerre froide. Le vingtième siècle est mort avec nous, vive le vingt-et-unième! Depuis des siècles nous sommes la première génération qui n’aura quasiment aucun repère ou structure commune avec la précédente. là où elle s’empêtre dans la nostalgie d’un passé perdu nous n’aurons jamais connu que le chaos. Ils pouvaient prévoir de quoi demain serait fait ou du moins ils le pensaient. Nous savons que demain n’existe pas encore. Nous savons que c’est à nous de le créer.

 

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Commentaires
Demain n'existe pas
  • L'anti-demainisme c'est un tiers d'existentalisme, un tiers de nihilisme et un bon tiers d'hédonisme. Cinq minutes au four, vous rajoutez des séries et des commentaires divers et paf, ça vous donne Demain n'existe pas!
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